Effraie des clochers

Tyto alba (Scopoli, 1769 – Billberg, 1828)

Ordre des Strigiformes
Famille des Tytonidae

Genre Tyto

Dimensions :

Femelle : 34 à 40 cm – Poids : 300 g, jusqu’à 400 g exceptionnellement

Mâle : 32 à 40 cm – Poids : 300 g, jusqu’à 350 g

Envergure : 1,10 m (femelle et mâle)

STATUT de PROTECTION :

Statut national : protégée

Directive « Oiseaux » : –

Liste rouge France: LC (nicheur)

DESCRIPTION :

La chouette Effraie a une grande tête, une queue courte et carrée et des ailes moyennement longues. Son plumage supérieur est couleur chamois-orangé avec des petites taches de gris. Sa poitrine est totalement blanche ou légèrement teintée de chamois.

Ses pattes sont grêles, velues, emplumées de blanc, lui donnant une apparence paisible. Elles sont terminées par de puissantes serres

Les yeux sont immenses, noirs ou jaunes, avec des expressions humaines. Elle ne remue pas les globes oculaires, mais possède une vue perçante.

Lorsqu’elle est surprise de jour dans sa retraite, elle ferme les yeux et contracte son masque.

Le bec, assez petit et courbe.

L’Effraie des clochers arbore un magnifique masque facial très caractéristique de l’espèce, en forme de cœur blanc.

Masque facial de la chouette Effraie en forme de cœur

Dessus du corps gris cendré à brun jaune avec des points clairs et noirs.

Poitrail clair légèrement avec des points foncés

Longues pattes, couvertes de plumes blanches avec des doigts puissants et de grandes serres.

VOL :

Le vol crépusculaire de la Chouette Effraie est lent, bondissant et errant. Elle vole assez haut. On peut également la voir en plein jour quand elle nourrit ses jeunes. Ses ailes sont longues.

Iris des yeux noirs.

CHANTS et CRIS :

Le cri habituel de l’Effraie des clochers est une sorte de gloussement chuinté et éraillé de tonalité élevée, tout à fait intraduisible, mais absolument caractéristique. Ce cri est émis assez régulièrement lors de l’envol du gîte diurne en début de nuit, puis occasionnellement en cours de nuit, enfin à titre préventif lors de l’arrivée au nid en période de reproduction. C’est un cri de contact et de signalement sur le territoire. Il donne lieu à de nombreuses variantes mais est toujours très reconnaissable. [4]

RÉPARTITION ET HABITAT :

On retrouve l’Effraie des clochers dans toutes les endroits du monde, hormis ceux présentant des conditions extrêmes (désert, haute-montagne).

On distingue deux colorations de plumage en Europe : les oiseaux à poitrine sombre au nord et à l’est, puis ceux à poitrine blanche au sud et à l’ouest.

La sous-espèce décrite, Tyto alba, s’épanouit sur tout le territoire français métropolitain, mais devient plus rare quand l’altitude augmente.

Ce rapace sédentaire apprécie les milieux ouverts ou le bocage et ne s’éloigne guère de son aire de nidification toute l’année.

TENDANCES NATIONALES ET POPULATION RÉGIONALE :

En France, la population est estimée entre 10000 et 35000 couples, mais ces chiffres sont fluctuants en fonction de la rudesse des hivers (tendant à disparaître) et de l’abondance des rongeurs, principale source de nourriture (Issa & Muller 2015).  « s’ajoutent à cela de lourdes pertes dues au trafic routier (EPA 1986). A contrario, lorsque les proies sont abondantes, l’effraie est capable de mener à bien une seconde nichée, ce qui lui permet de reconstituer ses effectifs (Chanson et al. 1989). Pourtant, malgré sa forte dynamique de reproduction, l’espèce ne parvient plus à compenser une importante mortalité. Après chaque mauvaise année, les effectifs glissent d’un palier (Baudvin et al. 2014) et l’on observe un déclin modéré à l’échelle nationale (Issa & Muller 2015), mais également régionale. Outre le grand froid ponctuel d’un hiver difficile, le déclin récent en Europe de l’Effraie des clochers pourrait être dû à l’usage de certains insecticides affectant directement les espèces chassant sur les cultures. [2]

PRÉSENCE LOCALE :

La Haute-Saône et le Territoire de Belfort abritent une part importante des effectifs comtois ». [1]

On trouve la chouette Effraie des clochers plutôt à basse altitude et notamment pour la Haute-Saône dans les plaines de la Saône, du Durgeon, de l’Ognon, de la Lanterne.

A Filain, où les observations sont plutôt rares et commencent à dater, une des dernières observations la signale en 2019 dans le grenier du château où elle posait derrière une fenêtre (côté rue de Montgrenu).

Au-dessus à gauche, dernière observation à Filain : 23 avril 2019 château de Filain (Haute-Saône), derrière une fenêtre … Photographie Nelly Latroyes

Au dessus à droite, dans l’étable de Vincent Eyer, Trevey (Haute-Saône) le 05 août 2021 – Photographie Vincent Eyer

Ces dernières années, elle avait élu domicile également dans le grenier d’une maison de la Grande rue, où on pouvait la voir partir en chasse le soir et remonter le Thalweg qui longe la propriété.

En 2021 : quatre observations autour de Filain.

Echenoz-le-sec (Observation : Françoise Picavet et Jean-François Pouget)

Les Fontenis (hameau vers Rioz) Observation : Francis Raoul

Pennesières (observation : Lucie Varinard)

Trevey (Dampierre-sur-Linotte) observation pendant plus de trois mois de deux effraies venues habiter dans une étable. Observation : Vincent Eyer

vers la page sur « La chouette Effraie des clochers et Vincent …« 

En 2022 ; trois observations seulement autour de Filain,

02-08-2022 : Vallerois le bois

05-05-2022 : Vy-lès-Filain : observation Léa Vircondelet

23-02 2022 : Vallerois-Lorioz : Observation : Nick Derry

En 2023 : au 01-07-2023 : une observation

Une seule observation à Borey le 01-05-2023 : observation : Nina Palau Daval

Au niveau départemental, cette année 2023, au dimanche 2 juillet 2023, 08:16

Nombre d’observations cette année 2023 : x 216

Altitude minimale des observations : 177 m

Altitude moyenne des observations : 314 m

Altitude maximale des observations : 1245 m

Nombre d’observateurs ayant signalé cette espèce : 535

Nombre de communes avec observations de l’espèce : 1 046

Au final, quand on prend le temps de bien se renseigner auprès des habitants, il semblerait que la Dame blanche s’épanouirait dans notre commune, pour peu que l’on ne lui ferme pas la porte. Malheureusement, du fait de l’invasion du clocher de l’église par des colombidés, les issues du clocher de l’église ont été grillagées pour éviter leurs déjections, ce qui prive l’effraie d’un de ses sites de prédilection [4]. Il conviendrait de supprimer ces grillages lui interdisant actuellement l’accès total au clocher et au grenier de l’église en lui réservant quelques m² dont le nettoyage pourrait être assuré par des bénévoles (avec une sorte de convention entre les intéressés). Dans le prolongement de la journée de construction des nichoirs qui a connu un beau succès le 26 mars 2023, un ou des nichoirs adaptés à l’espèce peuvent être réalisés (voir plan *) L’installation d’une caméra utilisée ponctuellement pour surveiller l’activité serait également très motivante pour les observateurs, sans trouble pour la «belle dame» et participerait à la dynamique de connaissance et de protection des oiseaux auprès des habitants.

NIDIFICATION :

Souvent établi dans le creux d’un mur ou d’un tronc d’arbre, parfois dans un bâtiment agricole ou une grange abandonnée, l’espace de nidification de la chouette effraie est très sommaire. « Le nid lui-même est réduit à sa plus simple expression car l’effraie, comme tous les rapaces nocturnes, ne construit pas de nid » [4]. En avril-mai, la femelle dépose ses œufs à même le sol (de trois à onze œufs pointus). Elle pond en moyenne 5 œufs, blancs, à raison d’un œuf tous les deux jours et couve ensuite seule de 25 à 35 jours. Les parents nourrissent les jeunes jusqu’à neuf à douze semaines, mais certains prennent leur envol dès l’âge de 2 mois. Une seconde ponte peut se produire, si les rongeurs abondent, entre juillet et décembre [2] [3]

Huit œufs d'Effraie des clochers déposés à même le sol - Trevey (Haute-Saône) - 21 mai 2021 - Photographie Vincent Eyer
Huit œufs d’Effraie des clochers déposés à même le sol – Trevey (Haute-Saône) – 21 mai 2021
– Photographie Vincent Eyer

Mise à disposition de sites de nidification artificiels :

« Des nichoirs ont été posés en Franche-Comté pour compenser la perte des sites de nidification traditionnels due notamment à l’engrillagement des clochers, l’aménagement des combles, la transformation et la modernisation des bâtiments agricoles, notamment en vallée de l’Ognon et en région vésulienne, etc. La LPO propose un accompagnement aux municipalités qui souhaitent recourir à cette solution et favoriser ainsi l’installation de l’effraie. » [1]

ALIMENTATION :

Cette espèce a besoin de cultures coupées de haies et de bâtiments servant de dortoir et de site de nidification. L’agriculture moderne, qui élimine les haies et réduit les bâtiments d’exploitation à des éléments moins hospitaliers, les contrarie. [2]

Les Chouettes Effraies consomment 65 à 70% de rongeurs, (dont une part importante de musaraignes, un insectivore – environ 25%), catégorie de proie généralement négligée par les autres rapaces nocturnes. expulsées par l’œsophage, sous forme de boulettes dites  » pelotes de réjection « , ou de régurgitation

Sans pouvoir empêcher les  » pullulations cycliques  » de rongeurs, les rapaces nocturnes tempèrent, régulent, les populations de campagnols et se comportent en véritables auxiliaires de l’agriculture.

Un ornithologue allemand du nom d’Uttendoerfer a analysé des dizaines et des dizaines de milliers de pelotes de réjection de Chouette Effraie.

Sur 77.602 vertébrés identifiés :

  • 74250 sont des mammifères (95,7%)
  • 2414 sont des oiseaux (3,1%)
  • 936 sont des batraciens (1,2%)
  • parmi les mammifères, principale catégorie de proies, on trouve : 72 % de rongeurs, dont 53,4 % de campagnols et 18 % de mulots et souris, ainsi que des rats et lérots.
  • des mammifères insectivores ( 27,5 % de musaraignes et quelques taupes …) participent également au menu de la Dame blanche.

COMBIEN DE RONGEURS UN COUPLE REPRODUCTEUR DE RAPACE NOCTURNE ELIMINE-T-IL CHAQUE ANNÉE ?

  • Les rapaces nocturnes rejettent 2 pelotes par 24h, contenant chacune 2 à 3 proies et es ornithologues s’accordent à considérer que les rapaces nocturnes consomment 4 à 5 proies par 24h, avec bien sûr des variations suivant les saisons, les conditions climatiques, les régions…
  • Retenons l’hypothèse basse : 4 proies par jour.
  • Un adulte mange 4×365=1460 proies
  • Un couple mange 1460×2= 2920 proies
  • Un seul couple d’Effraies, de Moyen-ducs ou de Hulottes élève 4 à 5 jeunes dans l’année.
  • Retenons l’hypothèse basse, 4 jeunes.
  • Ces jeunes naissent et commencent à être nourris en mai (en réalité beaucoup plus tôt chez la Hulotte).
  • Mais considérons même qu’ils ne mangent que 6 mois dans l’année, à raison de 4 proies par jour : 182 jours x 4 jeunes x 4 proies = 2912 proies.
  • Un couple élevant 4 jeunes élimine donc 5832 proies, qui sont à 80 ou 85% des rongeurs.
  • PRODIGIEUX, NON ?
Effraie des clochers (Tyto alba) - Photographie Nick Derry -
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Effraie des clochers (Tyto alba) – Photographie Nick Derry –
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Effraie des clochers (Tyto alba) - Photographie Nick Derry - 21 février 2023 -
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Références bibliographiques :

[1] LPO Franche-Comté, (collectif, 2018), Les oiseaux de Franche-Comté, biotope éditions, Mèze, 480 pages, page 168

[2] le grand livre des oiseaux de France et d’Europe, éditions Fernand Nathan, 1977, page 154

[3] Nids et œufs, éditions les carnets d’Arthaud, Maurice Dupérat, 1990, pages 142 et 143.

[4] https://www.oiseaux.net/oiseaux/effraie.des.clochers.html

[5] https://www.terroir-nature78.org/regimealimentair/index.html

à lire aussi : « l’Effraie des clochers et Vincent« 

à lire également « Les milans noirs et la faucheuse« 

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