L’étourneau sansonnet, ce mal aimé …

L’oiseau, de taille moyenne, aux couleurs plutôt foncées, est très présent sur le territoire national. Il compte parmi les cinq espèces d’oiseaux les plus communes de nos régions en toutes saisons. Il est donc facile de l’observer.

On le critique beaucoup pour ses nuisances sonores et olfactives, ainsi que pour ses «rapines» dans les champs et on le réduit souvent à un rôle de nuisible chassable …

Mais au-delà de ce triste tableau et de la cohabitation « tendue » avec certains humains, l’étourneau sansonnet reste un animal fascinant, dont on méconnaît trop souvent les particularités …

Étourneaux sansonnet en vol - Sturnus vulgaris - Filain (Haute-Saône) - Photographie Jean-Noël Latroyes

Description

L’étourneau sansonnet, appartient à l’Ordre des Passereaux et à la famille des Sturnidae.

De taille moyenne (longueur 17 à 22 cm pour une envergure de 38 cm), il pèse environ 70 grammes.

Étourneau sansonnet perché sur une branche - Sturnus vulgaris - Filain (Haute-Saône) - Photographie Jean-Noël Latroyes

Son plumage, plutôt foncé à l’âge adulte, est d’un noir brillant avec des touches de brun et de magnifiques reflets irisés. Le jeune arbore des nuances de brun.

Le bec de l’adulte, pointu et assez long (3 cm environ), de couleur foncée, presque noire, est bien adapté à la recherche de vers ou larves dans la terre. La couleur du bec vire au brun ou même à l’orange de période de reproduction. Le bec du jeune est brun ou jaune

L’œil est brun foncé, presque noir.

On estime la durée de vie d’un étourneau à une quinzaine d’années.

Étourneaux sansonnet perchés au sommet d'un épicéa - Sturnus vulgaris - Filain (Haute-Saône) - Photographie Jean-Noël Latroyes

Un léger dimorphisme sexuel concerne le plumage des femelles qui est un peu plus terne que celui des mâles. Les femelles présentent également un cercle blanc autour de l’iris, absent chez les mâles. Chez les mâles, les plumes sont un peu plus longues et plus foncées que celles des femelles.

Étourneau sansonnet juvénile - Sturnus vulgaris - Filain (Haute-Saône) - De couleur brune - Photographie Jean-Noël Latroyes

Étourneau juvénile – Vy-lès-Filain (Haute-Saône)

L’étourneau, un peu à la manière des pies, trottine ou marche sur le sol, mais il bat des ailes à un rythme très rapide. Son vol est de type «plané-alterné», c’est à dire que les planages précèdent les stades « posés ». Très efficace dans les airs, il peut parcourir de grandes distances migratrices (jusqu’à 1500 kilomètres) pour rejoindre des sites d’alimentation et atteindre des vitesses élevées (60 et 80 km/h ).

Étourneau sansonnet en vol - Sturnus vulgaris - Filain (Haute-Saône) - Photographie Jean-Noël Latroyes

Cette espèce est omnivore, ce qui lui confère un avantage sur les espèces plus exigeantes. A son menu : petits invertébrés, abondants à la surface du sol (diptères, coléoptères, papillons …) et aussi vers de terre, arachnides ou divers gastéropodes … Il peut à l’occasion être frugivore ou granivore. On le voit, avec un niveau d’exigence ramené au minimum, toutes les conditions sont réunies pour que cet oiseau s’épanouisse un peu partout …

Étourneau sansonnet - Sturnus vulgaris - phase de planage - Filain (Haute-Saône) - Photographie Jean-Noël Latroyes

En Franche-comté et dans l’Est de la France de façon plus générale, l’oiseau est « migrant partiel » et nicheur car une partie importante de ses effectifs reste avec nous toute la saison froide, se contentant tant bien que mal des ressources locales.

Comportement social

Bande d'étourneaux sansonnet - Sturnus vulgaris - Filain (Haute-Saône) - Photographie Jean-Noël Latroyes

L’hiver voit arriver des migrants massivement du Nord et de l’Est de l’Europe formant des groupes atteignant parfois des centaines de milliers d’individus.

On peut admirer, à l’occasion de ces rassemblements, ou nuées (appelés murmures, ou murmurations en langue anglaise), des spectacles que seule la nature peut nous offrir. Telles les abeilles rentrant à la ruche, le nuage d’étourneaux ondule dans le ciel, se dilate longuement comme un ruban souple, changeant constamment de largeur et se reformant un peu plus loin en une masse compacte, dans une chorégraphie improbable.

Il y a là une notion de coordination remarquable dans un groupe pouvant compter autant d’individus, mais il ne semble pas y avoir de hiérarchie au sein des groupes à l’état sauvage. Certains scientifiques comparent ces nuées d’oiseaux aux bancs de poissons *1.

D’après une étude de Wayne Potts *2, chaque oiseau réagit à ce qui l’entoure, et uniquement à cela. Son comportement a inspiré des modélisations dans lesquelles chacun ne réagit qu’à ses voisins. Potts *2 a également filmé des nuées de bécasseaux et s’est s’aperçut que n’importe quel individu pouvait initier un mouvement du groupe, se propageant ensuite très rapidement par ondes rayonnant autour de l’initiateur, et cela dans tous les sens. En revanche, les mouvements des oiseaux séparés du groupe ne l’influencent pas. En cas d’attaques par des rapaces notamment, les étourneaux sont capables de riposte en encerclant les intrus en formation serrée, les forçant ainsi à s’éloigner d’eux. Cette règle a l’avantage d’accélérer la réponse du groupe à une attaque.

Enfin, à l’issue de ces murmures, le nuage se dissocie, semblant se stabiliser à un endroit choisi comme dortoir et la multitude d’oiseaux plonge vers le sol en piaillant. Si aucun rapace perturbateur ne dérange cette horde, les gazouillis s’apaiseront jusqu’au réveil et le décollage matinal de la bande vers de nouvelles figures.

Étourneau sansonnet au repos pour la nuit - Sturnus vulgaris - Filain (Haute-Saône) - Photographie Jean-Noël Latroyes

En dehors de ces rassemblements ils vivent en colonies rassemblant plusieurs couples avec leurs nids pendant la période de reproduction.

  1. [Craig Reynolds, 1986].
  2. [Wayne Potts, informaticien américain de l’université d’Utah]

L’étourneau peut être monogame ou polygame. Les parents peuvent avoir deux couvées dans l’année.

Étourneau sansonnet au repos - Sturnus vulgaris - Filain (Haute-Saône) - Photographie Jean-Noël Latroyes

L’étourneau étant une espèce cavicole, le mâle construit le nid dans une cavité naturelle jamais très élevée du sol, comme de vieux troncs, ou dans des anfractuosités de falaises et même des fissures de murs anciens. La femelle pond de 2 et 8 œufs. Leur éclosion a lieu 10 à 16 jours après la ponte. Les deux parents se relayent pour s’occuper des jeunes. L’envol des jeunes a lieu après 3 à 4 semaines.

Le chant

Chant de l'étourneau sansonnet - Sturnus vulgaris - Filain (Haute-Saône) - Photographie Jean-Noël Latroyes

Le chant de l’étourneau tient à la fois du gazouillis, du cliquetis et des sifflements, traduisant beaucoup d’imitations. Le mâle et la femelle peuvent chanter, mais uniquement en dehors de la période de reproduction pour Madame. Les sifflements sont plutôt utilisés entre mâles, tandis que les gazouillis sont plutôt utilisés dans les interactions mâle-femelle.

Étourneau sansonnet en train de chanter - Sturnus vulgaris - Filain (Haute-Saône) - Photographie Jean-Noël Latroyes

Jusque là, rien de bien nouveau, mais l’étourneau a d’autres cordes à son arc vocal car il excelle dans les imitations des sons d’autres espèces.

On relate de nombreux cas d’imitations fascinants : aboiements de chiens, voix humaines, chant du loriot et même, portant la barre très haute, du merle. Il ne dédaigne pas également imiter les portes qui grincent, ou même pour les plus urbains, des sonneries d’alarme de voiture.

L’étourneau n’a pas fini de nous surprendre, mais il faudra du temps pour le replacer à sa juste valeur …

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